C’est à Swami Sivananda que nous sommes redevables, en bonne partie, de la diffusion du yoga accessible à chacun en Occident.
Swami Sivananda (1887–1963) était l’un des grands maîtres indiens du Yoga. Au cours de sa vie, il poursuivit deux carrières. Après avoir commencé à travailler en tant que médecin en Inde, il vint en Malaisie où des milliers d’ouvriers indiens vivaient dans des conditions difficiles. En tant que directeur d’un hôpital local, il passa la majeure partie de son temps à soigner les plus démunis et ceux qui avaient le plus besoin de son aide. Il les soignait non seulement gratuitement mais il les envoyait à la maison avec suffisamment d’argent en poche pour combler la perte de leur salaire. Il renonce au monde et commence une vie monastique en 1923. Il a ainsi vécu la plus grande partie de la fin de sa vie à Rishikesh, dans le nord de l'Inde. Son œuvre a été centrée sur le service des autres : « tout type de travail qui sert à guérir et à soulager la souffrance humaine me remplit d’une grande joie ». Pour lui, servir était l’expression de l’amour.
"Pars en Occident, les gens sont prêts ». C’est avec cette instruction que Swami Sivananda envoya l'un de ses plus proches disciples, Swami Vishnudevananda en occident en 1957 pour y enseigner de façon pratique la manière d’intégrer le Yoga dans la vie quotidienne pour une santé optimale. Une bonne santé est une condition nécessaire à une pratique spirituelle, disait-il. "La santé est la vraie richesse " était son mot d'ordre. Il enseigna comment les postures, une respiration correcte, une relaxation et une alimentation appropriées peuvent maintenir le corps fort, souple et plein d'énergie. Il enseigna la pensée positive et la méditation en tant que moyens pour trouver la paix intérieure et extérieure.
Bien des indiens étaient alors, et sont sans doute encore d’avis que l’Occident matérialiste n’est pas mûr pour le yoga.
Ainsi, André Van Lysebeth nous rapportais les échanges suivants : Le 15 septembre 1950, à Bénarès, des journalistes avaient posé la question suivante à Swami Sivananda. Croyez-vous que les Occidents sont capables de comprendre les messages du Vedanta ? Croyez-vous qu’ils sont prêts pour le Yoga ?
Il avait répondu, sans hésiter : Oui ! Oui ! Non seulement ils sont prêts, mais ils sont déjà commencé à apprécier notre message. En réalité, il y a plus des yogis en Occident que dans l’inde actuelle. Ils apprécient mieux le message de l’Inde que nous ne le faisons aujourd’hui. Ils sont plus avides de connaître le yoga et le vedanta que nous ne le sommes. DE nombreux Occidentaux pratiquent et sont des adeptes avancés. Certains ont même perçu ce message avec une telle intensité qu’ils sont devenus des sannyasins et se sont établis en Inde. Maintenant, c’est nous qui recevons notre inspiration d’eux.
A une autre occasion, lors d’une tournée en Inde, toujours en 1950, il avait confirmé : « l’Occident est considéré comme étant la patrie du matérialisme, mais de nos jours, en Europe et en Amérique, des milliers de personnes pratiquent le yoga. Ce sont tous des adeptes sincères, diligents et vigilants. Allez en Suède, à Stockholm, où tans de femmes pratiquent les asanas du yoga. En Lettonie, des femmes et des hommes ont formé des groupes et associations en relation avec mon organisation. De plus, en Occident, des nombreux ordres religieux pratiquent des austérités intenses. Mais de nos jours, l’Inde, qui est la patrie de la spiritualité et le seul pays au monde où depuis toujours la connaissance du plan de Dieu a toujours été considérée comme étant le véritable but de la vie humaine, est envahie de divers « ismes ». Les hommes et les femmes de l’Inde sont victimes des tentations de Maya, du matérialisme. Ceci est un triste état de choses. »
Ainsi parlait Swami Sivananda.
André Van Lysebeth s’était toutefois permis, à l’occasion de ses parlers, d’attirer notre attention sur un fait qui, à nous Occidentaux, ne nous paraît pas anormal. En effet, Swami Sivananda parlait de nombreuses femmes pratiquant le yoga. Or, dans l’Inde patriarcale, le yoga était considéré comme une affaire d’hommes et il y était incongru qu’une femme le pratique, pis encore, s’il s’agit d’une Occidentale !
André aimait à nous rappeler qu’il découle de tout ceci que nous ne devons pas avoir de complexes par rapport à l’Inde. Compte tenu de ce que disait Swami Sivananda voici soixante années, c’est à l’Occident de transmettre le flambeau.
Je terminerai ces quelques lignes en reprenant les propos suivants d’André : « Le yoga est un merveilleux cadeau que nous a fait l’Inde et, personnellement, je n’ose pas imaginer ce qu’aurait été ma vie si je n’avais pas eu la chance de rencontrer le yoga sur ma route. La seule façon de remercier ces grands Sages et yogis de l’Inde ancienne, c’est d’abord de pratiquer le yoga dans l’esprit qu’ils lui ont insufflé puis de le transmettre autour de nous, car le monde d’aujourd’hui en a un urgent besoin.
Alors, bon yoga à tous. »